Entretien avec Marlène, une passionnée touche-à-tout
Samedi 09 mars, Marlène proposera une lecture de ses textes. Elle sera accompagnée par des élèves de l'école de musique, l'occasion d'aller à sa rencontre
INTERVIEWS
1/7/20245 min read


Je suis ravie de vous partager cette interview de Marlène, qui nous dévoile son rapport intime à l'écriture, entre bonheur et souffrance, avant de partager son projet de lecture. Elle sera accompagnée au piano, ce samedi 09 mars, à la médiathèque de Mauléon. À travers ses écrits, elle exprime des émotions profondes sans prétention de transmettre un message spécifique. Son engagement artistique se reflète également dans ses créations artisanales, telles que les porte-clés OGAIT, et sa passion pour la photographie. Une touche-à-tout passionnée, qui ne cesse de nous épater à travers ses projets.
1) Tu vas présenter samedi à la médiathèque de Mauléon tes textes, que tu vas lire, accompagnée au piano par les élèves de l’école de musique. Avant de nous parler de ce projet, peux-tu nous dire ce que représente l’écriture pour toi ?
Une très grande émotion que je ne peux expliquer, un instant différent du quotidien, un bien-être, un grand bonheur et en même temps une grande souffrance. C’est un moment comme suspendu que j’aime avoir et que je n’ai jamais partagé comme je vais le faire samedi. Et c’est grâce à une de mes amies à qui je lis tous mes textes. Elle m’a encouragée à me dévoiler, à m’exposer, c’est une grande première pour moi.
Petit extrait d'une texte de Marlène, écrit pour les séniors de l'EPHAD :
"Ce temps qui nous blesse en passant, qu’en reste-t-il ?
Ces jours, ces heures qui se croisent, qui se frôlent, qu’en reste-t-il ?
Que reste-t-il de ce temps qui de plus en plus vite dégringole, tapi dans l’ ombre de nos nuits
Que reste-t-il de ces trajectoires de vie qui se font dans un éclat de rire et dans un cri de rage
Qu’en reste-t-il ? Que reste-t-il de ces destins singuliers, dissolus, de ces rêves pris aux pièges, de ces drames à portée de main, de ces douleurs de ces nuits sans sommeil, que reste-t-il de tout ça ?"
2) Certains de textes abordent des sujets sensibles, douloureux. Quels messages aimerais-tu transmettre à travers tes écrits ?
Il n’y a pas vraiment de messages. Je rencontre, je croise beaucoup de monde lorsque je fais des expos. J’embarque d’ailleurs beaucoup de personnes que je connais depuis toujours ou très récemment. C’est parfois l’addition de toutes ces rencontres, de tous ces échanges qui font qu’à un moment donné, je dois ressortir toute cette émotion partagée. Je pense précisément à mon premier texte « toutes les femmes de ma Ville » écrit un 8 mars. Quand une émotion me frôle d’un peu trop près, j’ai ce besoin de l’écrire pour m’en libérer et surtout de la partager. Suite à mes premières publications sur ma page Facebook, beaucoup m’ont encouragée à continuer. J’aborde des sujets très variés et qui touchent les personnes, qui font du bien, car c’est avec des mots simples que je parle de ces douleurs qui se nichent au cœur de leur vie. La plupart du temps depuis trop longtemps.
3) Comment est venue cette envie de partager ces écrits, et pourquoi le choix d’une lecture accompagnée par du piano ?
J’aime m’aventurer sur des chemins nouveaux pour y faire de nouvelles rencontres, car j’aime le partage. Pourquoi le piano ? Car j’aurais adoré savoir en jouer !
De toutes mes aventures avec Mauléon, j’aime m’adosser aux compétences et aux valeurs qui sont sur ce territoire. L’école de musique que je sollicite pour la deuxième fois (aussi pour le festival du 27 avril) fait partie de ces maillons qui tissent cette chaîne de possibles quand je décide de mettre en œuvre un nouveau projet. Lors d’un rendez-vous avec Sozic, la directrice de l’école de musique, au sujet de la mise en musique du texte du festival, l’idée de me faire un petit plaisir et de les associer à cette lecture a vite été abordée et validée par la professeure de piano et surtout des élèves. Pour eux aussi, cela va être une grande première, Mauléon, c’est ça !!
4) Tu crées aussi des porte-clés en corde d’espadrille, baptisés OGAIT, peux-tu nous en dire un peu plus ?
À la fin de chacune de mes expos, on m’interrogeait souvent pour savoir quelle serait la prochaine étape, l’impatience d’un autre rendez-vous encore un peu plus atypique. Alors il m’est venu l’idée de confectionner un objet à l’image de ce territoire et qui symbolise toutes ces rencontres qui nous lient : voilà, un peu de cordes d’espadrille de nos manufactures, un lacet de couleurs, à chacun sa préférence, qui joint les deux extrémités. La Soule est un endroit singulier avec ses différences, ses pertinences, ses tolérances. C’est un territoire où se transmettent de belles valeurs, de celles que l’on tresse, de celles que l’on tisse au fil du temps, des générations, et des rencontres. OGAIT est un lien, un maillon d’une chaîne précieuse, une force presque invisible qui nous lie au cœur. En Soule, on ne regarde pas ce qui nous rend différents, mais bien ce qui nous unit. OGAIT, c’est juste ça, ce sont 1000 mercis.
5) La photographie est aussi essentielle pour toi ?
Oui, mais j’ai toujours eu peur de m’y aventurer, car je n’y connais vraiment rien. C’est très technique, j’ai le cerveau tellement encombré que je n’arrive pas à me concentrer ! Je suis trop impatiente, comme dans l’écriture, quand je croise un regard, quand je vois une main qui se tend, j’aime prendre un cliché. Souvent, quand on me voit arriver avec mon appareil, les gens me fuient et puis ils en jouent et le naturel prend le dessus. On ne me remarque plus et c’est là que ça veut dire : vas-y, on te fait confiance. Toute cette histoire avec Mauléon a commencé avec une vieille photo en noir et blanc, une vue aérienne, je me dis que cette passerelle est importante, ce pont, ce lien invisible, entre les générations. Tous ces témoins, toute cette mémoire, c’est précieux, merci à eux.
6) As-tu d’autres projets ?
D’autres projets ? J’ai en une liste, oui ! D’autres envies encore à partager. La plus proche est de pérenniser le festival « Soule et moi de possible » qui me tient à cœur. Surtout, je rêve d’enregistrer la chanson de ce festival avec toutes les écoles. J’ai un projet, toujours pour Mauléon, que je voudrais voir porter par le festival, puis j’en ai un autre sur le sujet du harcèlement. J’ai une collaboration d’écriture, qui j’espère, va bientôt aboutir. Maya si tu m’entends !!! Et puis avoir du temps pour développer et enfin fabriquer encore d’autres jeux d’OGAIT que j’ai dans ma tête.
Mais à cet instant précis, mon envie est de dire merci. Merci à tous ceux qui me laissent être qui je veux, merci aux Mauléonnais qui me portent, me soutiennent dans cette aventure humaine. Je pense à ceux qui ne sont plus et qui m’ont toujours encouragée, ils ont été les déclencheurs. Merci à Mauléon. Merci à ce cœur de Soule, merci d’être qui je veux avec vous.
On est toutes et tous OGAIT !!!
Merci à toi Marlène
Pour suivre Marlène : Ogait Ogait